Pour un manifeste du parti communiste du XXIème siècle

Base commune pour le 38eme congrès du PCF

Accueil > Contributions > Michèle Picard explique son choix pour le manifeste

Michèle Picard explique son choix pour le manifeste

mardi 18 septembre 2018, par Michèle Picard

Un congrès est toujours un rendez-vous important pour les communistes. Le 38ème sera essentiel pour l’avenir du Parti communiste français. La base commune de discussion que nous choisirons en sera la feuille de route. Je fais le choix de soutenir le « Manifeste du Parti communiste du 21ème siècle », qui place le communisme au centre de notre action. L’action d’un parti communiste qui assume son identité, son histoire, ses réussites, ses échecs, un parti communiste ancré sur les réalités de terrain, exigeant sur les idées qu’il défend, combatif pour construire son projet de société.

Les 23, 24 et 25 novembre prochains, nous sommes au pied du mur face à l’effacement de notre parti dans le paysage politique national, son déclin, scrutins après scrutins, que personne ne peut nier. Force est de constater que la stratégie mise en place ces dernières années n’a fait l’objet d’aucun bilan approfondi et partagé avec les communistes. Portons un regard lucide sur les causes de l’affaiblissement du parti. Pourquoi notre courant d’idées ne progresse plus et régresse même ? Le capitalisme a besoin de diviser pour mieux se répandre, d’où la montée des populismes que l’on voit nationalement ou localement, avec des gens que tout oppose qui se rejoignent contre nous. La division a été organisée par le capital avec la désindustrialisation, la perte de lieux collectifs d’analyse, la division du peuple, et le manque de lisibilité du parti y a contribué.

Les mesures du gouvernement Macron font toutes partie du même projet pour faire triompher le capitalisme : austérité pour les habitants, casse du code du travail, des institutions et des services publics, attaques contre les communes pour en faire des coquilles vides. On leur enlève des moyens, on les prive de leur autonomie, et au final les maires ne seront plus que des technocrates, sans aucun moyen d’actions, et des pans entiers des services publics seront livrés au privé. Le vrai projet du capital n’est pas la suppression des communes, car il a besoin d’hommes et de femmes qui sont autant de fusibles pour servir de paravent contre la colère des gens.

Nous devons décortiquer toute cette mécanique, analyser leur stratégie pour mieux nous organiser, pour mieux unifier et rassembler le peuple.

Interrogeons-nous aussi sur les raisons qui nous ont fait perdre tant de villes. Quelles sont les forces qui se sont unies pour faire « tomber ces bastions communistes », et pourquoi nos villes sont-elles une cible ?

Avec un parti de moins en moins visible nationalement, les maires éprouvent de plus en plus de difficultés à faire vivre aujourd’hui ce communisme municipal qui a fait l’histoire du parti, qui a maillé le territoire de luttes communes, de valeurs partagées. Une continuité d’avancées progressistes, au service de l’intérêt général, et inscrite dans la durée. Un rempart face au capitalisme dévastateur avec des réponses innovantes, des politiques de proximité qui répondent aux besoins de tous les habitants, enfants ou seniors, pour plus de justice sociale, de solidarité et de possibles.

Education publique, gratuite et laïque, politiques sociales, sanitaires, culturelles, pour briser les ségrégations sociales et les discriminations territoriales, pour permettre l’émancipation et le rapprochement des habitants, combat pour le droit des ouvriers, combat pour le droit à l’emploi, combat pour garder nos savoir-faire, nos villes sont toujours des pôles de résistance. Mais jusqu’à quand apparaitrons-nous comme une force de résistance et de propositions, alors que tout est fait pour nous enlever notre autonomie politique en nous privant de moyens financiers et humains ?

Dans son histoire, le PCF a toujours été porteur de résistance et d’innovation. Or, il n’apparaît plus comme cela, voire il disparaît…

L’absence de visibilité est flagrante. Par exemple, sans candidat aux présidentielles, nous avons déserté la scène politique nationale, et cela a compliqué localement la situation pour mener la bataille des législatives.

Le « Manifeste du Parti communiste du 21ème siècle » parle du quotidien des gens. Il me parle parce qu’il fait écho aux échanges que j’ai, en tant que maire avec les habitants. Faire un bilan, sans concessions, nous aidera à conserver nos villes, mais aussi à repartir à la reconquête de celles que nous avons perdues.

Le PCF doit retrouver son rôle d’aiguillon du peuple en l’éclairant sur les véritables enjeux. Notre parti doit pleinement assumer cette responsabilité d’un parti populaire de combat, un parti en phase avec la société ; pour que le PCF redevienne un parti qui compte.

Michèle PICARD
Maire de Vénissieux