Pour un manifeste du parti communiste du XXIème siècle

Base commune pour le 38eme congrès du PCF

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Contribution de Jean-François Téaldi (Alpes-Maritimes)

Avec Le Manifeste priorité à nous structurer dans les entreprises

samedi 29 septembre 2018, par Denis Durand

Enfin ! Un texte d’orientation qui redonne envie aux militants, qui donne des pistes concrètes de ce que doit-être la visée communiste du XXIe siècle et fixe comme priorité numéro 1 l’activité en entreprises. C’est pourquoi je soutiens le texte « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle  ». En effet, notre affaiblissement n’est pas une fatalité, mais les directions ont été gagnées par le renoncement, abandonné l’implantation du Parti dans les entreprises et son repérage comme parti de classe, pratiqué au coup par coup, à la recherche de faux équilibres qui ont déstructuré et déstabilisé les militants du Parti, une stratégie ayant abouti à une perte de visibilité nationale. Il faut donc une réorientation stratégique. C’est ce que propose le Manifeste !
Contrairement aux autres textes, le bilan critique du Manifeste est argumenté, pointant ces rencontres au sommet abandonnant les propositions du Parti développées par les militants de terrain, l’abandon du Front des luttes du Front de Gauche (dont je faisais partie comme syndicaliste avec tant d’autres) au bénéfice d’une machine électorale servant uniquement un Mélenchon de plus en plus populiste. L’échec du Front de Gauche, que nous avions initié et porteur de tant d’espoirs, illustre une conception erronée du rassemblement, de la relation aux luttes, à la bataille d’idée, à notre projet, ainsi que d’une pratique politique. L’entente au sommet autour d’un plus petit dénominateur commun a pris le pas sur tout le reste. On ne doit plus réitérer cette recherche d’entente au sommet, avec pour seul but de mener des « campagnes communes ». Cette façon de décréter une unité, de façade, par le haut a corseté l’initiative d’action et de proposition du PCF. Elle a rabaissé le niveau des exigences.
La conception de l’entente qui a prévalu a conduit à notre effacement et malgré cela la base du CN et du Printemps nous proposent de reconduire ces erreurs !
D’où la nécessité, comme seul le propose le Manifeste, d’être présents avec nos propres candidats à toutes les élections pour porter nos propositions, tout en restant ouvert à ceux qui portent l’idée qu’un autre monde est possible. C’est pourquoi pour les européennes nous devons continuer à porter la candidature de Ian, un nouvel effacement du parti et de ses idées au nom du rassemblement derrière une tête de liste issue d’une autre formation serait dommageable. Continuons à mener la bataille sur nos idées et essayons de construisons une liste de rassemblement initiée et conduite par le PCF. Et le Parti doit aussi travailler à créer les conditions d’une candidature communiste à la présidentielle de 2022. C’est ce que propose le Manifeste.
Je persiste à penser qu’il nous faut continuer à tendre la main à toutes les forces politiques de gauche visant la transformation sociale, sans privilégier aucun partenaire a priori. Certains sous entendent qu’il faudrait privilégier l’alliance avec FI. Je me demande d’ailleurs en voyant le texte du Printemps et la place accordée à cette question, si ces camarades préparent le Congrès du Parti, celui... de FI ou d’une autre construction qu’ils semblent appeler de leurs vœux. Cette position nous entraînerait dans l’impasse de l’électoralisme, dans une posture protestataire et de plus, comme syndicaliste je n’ai pas oublié la tentative de considérer les syndicats comme de simples courroies de transmission des partis. Merci on a déjà donné ! Les salariés et ceux qui souffrent n’ont besoin ni de populisme, ni de dégagisme, ni du Rassemblement National.
Mais surtout nous devons nous replonger dans les luttes avec des initiatives du Parti ouvrant des perspectives politiques et permettant de mobiliser conjointement militants à l’entreprise, des localités et nos élus.
Je n’ai rien contre le texte issu du Conseil National mais il ne formule pas clairement les termes du débat, il ne propose rien de concret qui permettrait aux militants de mener la bataille d’idées, de faire savoir à ceux qui souffrent ce pour quoi nous nous battons et ce que ça changerait concrètement à leur quotidien. De plus, l’analyse critique sur les errements de la direction sortante est à pleurer. Ce n’est pas que la faute aux autres ! Et qu’est-ce que ce « nouveau front social et politique » ? Encore une construction ex-nihilo germée dans quelques esprits germanopratins !
L’expérience montre de plus qu’il ne suffit pas de faire adopter en congrès un relevé de décisions qui restera inappliqué. Il revient donc au Congrès de définir une conception du Parti, une orientation d’organisation. C’est le Conseil National qui devra être chargé de l’exécution des décisions précises par le Congrès en inscrivant ces questions à son ordre du jour.
Si je soutiens ce texte c’est aussi parce que j’y retrouve tous ceux qui, lorsque je fus pendant trois mandats au CN, exigeaient, sans être entendus, de revoir notre conception du travail, de l’emploi, et de réimplanter le Parti dans les entreprises. Travail, emploi, salaires, services publics, rôle de l’entreprise et de la production, pouvoirs des salariés, le projet communiste du Manifeste comporte des axes de transformation sur tous ces chantiers. Contrairement à ceux qui estiment dans leur texte qu’on aurait trop privilégié « les luttes sociales », le Manifeste propose d’emblée de porter un projet communiste avec des objectifs sociaux transformateurs, met l’emploi au cœur de la transformation sociale, une nouvelle expansion des services et du secteur publics. Il rappelle que le rôle des salariés dans l’entreprise doit prédominer, au lieu du monopole du capital et de ses représentants, et que cet enjeu est au cœur de la lutte de classes d’aujourd’hui.
Le parti ne peut en effet ne s’en tenir qu’au soutien des luttes et à faire écho à la protestation contre le néo-libéralisme. Il doit ouvrir les perspectives politiques dont les luttes ont besoin pour gagner durablement. La rupture avec la conception d’un « parti guide » nous a en effet conduit à abandonner l’ambition d’être à l’avant-garde des luttes et des idées, de jouer le rôle actif d’éclaireur qui devrait être le nôtre. Cela a conduit à la suppression de ce qui faisait la force de notre organisation, le Parti actif dans l’entreprise ! Pour moi, le plus important dans le Manifeste est qu’il faut relancer l’organisation du Parti à l’entreprise. Ce terrain a été abandonné. Le 37ème congrès avait décidé d’un Conseil National sur cette question. Il n’a jamais eu lieu. Il est donc vital de relancer réellement, sans se contenter de promesses de congrès, la vie du parti et le combat organisé si indispensables dans les entreprises et autour d’elles. C’est aussi la condition pour faire progresser une conscience de classe et une unité politique du salariat dans sa diversité, sur l’ensemble des enjeux qui le concerne, dans l’entreprise comme dans la cité.
Sur les questions internationales le Manifeste exige que le Conseil National et les communistes soient régulièrement saisis de l’analyse de la situation internationale, informés des débats au sein du PGE, des relations avec les partis communistes et progressistes. Ce qui n’a jamais vraiment été fait ! Ainsi sur l’Europe, il constate l’insuffisance grave du travail collectif qui aurait dû être initié par les directions nationales successives. Le Manifeste propose de nous battre en France, en Europe, avec les forces progressistes, avec les partis communistes pour d’autres traités permettant des coopérations solidaires entre nations égales et peuples souverains.
Depuis 2012, nous assistons à une dérive présidentialiste dans le Parti qui dessaisit les instances de direction et les communistes de la maîtrise réelle des décisions. L’élection du secrétaire national par le CN au bénéfice du congrès a participé de cette présidentialisation. L’abandon des cellules a appauvri la vie démocratique du parti et affaibli son ancrage de terrain. Cela a contribué à réduire les capacités d’action des sections. Pour nous, les sections agissent et décident. Les fédérations coordonnent les actions sur leur département. Une structure régionale doit jouer le même rôle à son échelle. Les réseaux, thématiques ou d’entreprise, doivent-être développés. Les directions doivent incarner la ligne politique définie par le Congrès, dans le parti et dans la société. Nous devrons aussi rendre possible la pleine implication de camarades salariés dans le travail des directions et favoriser un travail collectif quelles que soient nos différences, voire nos désaccords. Le Conseil National est la seule instance de direction nationale élue par le Congrès. Il doit impulser la mise en œuvre de ses décisions et ne pas se substituer à lui. Le CN doit d’ailleurs pouvoir décider de ses ordres du jour.
CommunisteS devrait devenir un support ouvert de partage d’informations et d’expériences de tous les communistes. La communication nationale du parti, nos moyens de communication, doivent-être des outils de la bataille d’idées, de nos propositions et permettre d’identifier le Parti.
Le Manifeste propose de nous donner quatre grandes priorités immédiates et la première, recenser, structurer et développer nos forces dans les entreprises. Voilà les raisons de mon adhésion.